28 février 1941, décès de Charles ROY

Dans les épisodes précédents, nous avons pu lire comment Charles ROY avait sauvagement assassiné sa bonne amie, puis son jugement à la Cour d’Assise de Châlon-sur-Saône. Le jugement nous ayant appris qu’il est condamné aux travaux forcés à perpétuité, le premier réflexe est de se diriger vers les archives du bagne, à Aix-en-Provence. En ligne, on trouve déjà sa fiche matricule qui nous renseigne sur les grandes lignes de son parcours après le jugement !

Fiche matricule ROY Charles, 1
Fiche matricule ROY Charles, 2
Fiche matricule ROY Charles, 3

On en apprend un petit peu plus sur lui, ce n’était pas un colosse (1m74), il sait lire et écrire (alors que certains articles de presse lors des faits le présentaient comme simplet), et il est “assez bien noté” pour son comportement en détention… Alors qu’il a tenté deux fois de s’évader, en 1891 et 1893, pour être rattrapé le jour même… S’en suit une longue liste de remises de peine, jusqu’à sa réhabilitation judiciaire en 1933 (à 67 ans donc) … Il a donc survécu au bagne, mais pour en savoir plus, il va falloir se plonger dans son dossier complet.

Je fais donc une demande aux supers bénévoles du Fil d’Ariane, sans qui toutes mes recherches seraient impossible, et quelques jours plus tard, je reçois 24 pages, le dossier complet de Charles ROY au bagne de la Nouvelle-Calédonie. Ce sont essentiellement des échanges de courriers entre administration locale du bagne et l’administration centrale, pour ses demandes de remises de peine, toujours appuyées par la direction du bagne (j’imagine que si ça ne passait pas ce filtre, ça ne devait même pas aller jusqu’à Paris).

J’apprends aussi, qu’il était concessionnaire, à partir du 6 juin 1900. On lui a attribué un lopin de terre de 4 hectares à Farino, village à 120 km au Nord-Ouest de Nouméa. Il devait l’exploiter, et payer 60 Francs par an de loyer, ou 2000 Francs pour la racheter totalement. De 1900 à 1921, il a exploité la concession comme bagnard donc, puis le 14 juillet 1921, il est définitivement libéré, mais doit rester sur la conces-sion.

Centre de Farino, Source : Delcampe.net

En 1928, Charles ROY qui ne devait pas être trop mauvais agriculteur, avait réuni un pécule suffisamment important pour payer les 2000 Francs et racheter la concession. Il est, à l’âge de 62 ans, définitivement propriétaire de cette terre bien loin de sa Bresse natale.

Plan de la concession définitivement attribuée à Charles ROY en 1928, peut-être ici. Source : Archives de Nouvelle-Calédonie, par le FDA

A ce moment-là de mes recherches, il reste une question ouverte : où et quand est décédé Charles ROY, car ce n’est mentionné sur aucun des documents de l’administration pénitentiaire… Tout ce qu’on trouve ensuite, c’est sa réhabilitation judiciaire le 16 août 1933. Charles ROY ayant reconnu sa faute et purgé l’entièreté de sa peine, la Troisième République considère qu’il s’est racheté ! Charles a alors 67 ans.

Une fois de plus, le Fil d’Ariane m’a bien aidé : n’ayant pas trouvé de trace de son décès en France métropolitaine, je me suis dit qu’il avait dû mourir sur sa concession après 1933 donc. La bénévole du FDA en Nouvelle-Calédonie, avec l’agent de l’état-civil de la commune de Farino, ont bien voulu éplucher les tables et registres de décès jusqu’au 28 février 1941. Charles ROY est donc bien décédé sur sa concession, sans jamais avoir revu ses terres bressannes et sa famille.

Acte de décès de Charles ROY à Farino, 988 Nouvelle-Calédonie. Source : collection communale de Farino

Author: Cyrille

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