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Avec cet article, nous quittons pour un temps la Bourgogne, pour nous rendre à Almodóvar del Campo, petite ville espagnole de La Mancha, à la limite de la province de Cordoue en Andalousie. De cette région viennent les grands-parents paternels de mon compagnon.
Concernant le contexte historique, il faut savoir que ces dernières années, en Espagne, les archives de la Guerre Civile et du franquisme commencent, difficilement encore, à s’ouvrir au grand public. Un site récent, https://buscar.combatientes.es/ permet d’accéder à une indexation de personnes impactées par la Guerre Civile. Il y a un peu de tout : dossiers de justice militaire, relevés de fosses communes, dossiers de personnes ayant servi sous uniformes, etc. C’est assez bien fait car pour chaque entrée, vous aurez la cote des documents, ainsi qu’un lien sur une page expliquant comment en obtenir une copie.
Nous ignorions, tout comme le reste de sa famille, que Jacinto avait été confronté à la justice militaire. C’est en vérifiant systématiquement toutes les personnes vivantes de cette époque en Espagne que son dossier est apparu… Mais assez d’explications, place à son histoire :
Jacinto Posada Trujillo, né en 1903 à Almodóvar del Campo, était un citoyen exemplaire avant le déclenchement de la Guerre Civile Espagnole. Employé à la mairie depuis 1919, sa longue carrière dans l’administration locale faisait de lui une figure bien connue et respectée dans la communauté. En plus de son travail à la mairie, Jacinto fut élu en 1931 par acclamation en tant que Secrétaire de l’Assemblée locale de la Croix-Rouge, ce qui soulignait sa vocation humanitaire et son excellente insertion sociale. Par ailleurs, en 1932, il fut nommé Secrétaire de la Société Agricole d’Almodóvar del Campo, où il joua un rôle important dans la défense des intérêts des agriculteurs et des propriétaires locaux, renforçant encore davantage sa position dans la société.
Une figure respectée dans la communauté avant la guerre
Lorsque la Guerre civile éclata en 1936, Jacinto Posada jouissait d’une solide réputation à Almodóvar del Campo. Son rôle de Secrétaire de la Croix-Rouge et de la Société Agricole le liait à des causes humanitaires et à l’amélioration de l’économie locale, loin des considérations partisanes. Sa capacité à aider les propriétaires agricoles et son dévouement aux affaires de la communauté en faisaient une figure clé à Almodóvar. Cette insertion dans la vie sociale, professionnelle et culturelle locale, où il se distinguait également comme musicien et organisateur de festivals de bienfaisance, contrastait fortement avec les accusations graves qu’il dut affronter après la guerre.
La dénonciation du 9 juillet 1939
Malgré sa réputation et les nombreux postes qu’il occupait, le 9 juillet 1939, Jacinto Posada fut dénoncé par Agustín Fernández García Minguillán, un citoyen d’Almodóvar del Campo. La dénonciation l’accusait d’être un « élément rouge indésirable » et reposait sur deux accusations principales :
1. Gardes de nuit et service au sein du Comité : Agustín Fernández affirmait que, durant la période républicaine, Jacinto avait exercé comme secrétaire du Comité de Défense et qu’il avait effectué des gardes nocturnes en tant que dactylographe, veillant à maintenir l’esprit républicain dans la localité. Selon Fernández, son rôle était fondamental pour les opérations du Comité, ce qui en faisait un collaborateur clé du régime républicain local.
2. Secrétaire du Comité de Justice et complicité dans les assassinats : L’accusation la plus grave était que Jacinto avait exercé en tant que secrétaire du Comité de Justice, un organe responsable de recueillir les déclarations des prisonniers politiques, dont beaucoup furent ensuite exécutés. Fernández le qualifiait de « homme de confiance » des dirigeants républicains et l’accusait de participer à des célébrations appelées « francachelas », aux côtés d’autres membres du Comité, dans la Fábrica de Orujo, un lieu associé à des actes de corruption et d’excès.
Ces accusations placèrent Jacinto au centre d’un procès militaire sommaire, à un moment où les autorités franquistes poursuivaient sévèrement ceux qui avaient collaboré avec le camp républicain.
L’arrestation et le procès militaire
Le 27 juillet 1939, Jacinto Posada fut arrêté et assigné à résidence à Almodóvar del Campo. Lors du procès, des preuves furent présentées le liant au Comité de Défense, où il avait travaillé comme dactylographe et secrétaire, tâches qui incluaient la prise de déclarations des prisonniers politiques. Bien que son rôle fût essentiellement administratif, la dénonciation l’accusait de complicité dans la répression et l’exécution de personnes de droite.
Les témoins de la défense : Un soutien crucial pour son acquittement
Malgré les accusations, Jacinto fut soutenu par de nombreux témoins qui soulignèrent son intégrité et ses activités communautaires avant et pendant la guerre. Ces témoignages furent essentiels pour sa défense, car ils aidèrent à contrer les accusations de collaboration active avec le camp républicain.
1. Défense de son caractère et de ses activités non politiques
Un groupe de sympathisants de la Croix-Rouge locale présenta une déclaration le 28 juillet 1939, affirmant que Jacinto était un homme de « conduite morale et politique exemplaire ». Ils soulignèrent que, pendant la guerre, il s’était tenu à l’écart de toute idéologie politique, se consacrant à des activités culturelles et religieuses, telles que sa participation à des festivals de bienfaisance. Cela montrait que son rôle dans la communauté était davantage humanitaire que politique.
2. Opposition au Socorro Rojo
Les témoins indiquèrent également que Jacinto avait été un ardent défenseur de la Croix-Rouge, s’opposant activement au Socorro Rojo, une organisation républicaine qui cherchait à dominer la localité. Ils soulignèrent son travail d’intermédiaire, facilitant la communication entre des familles séparées par la guerre et aidant les personnes persécutées pour leur idéologie.
3. Le témoignage du prêtre Manuel Valls Poblete
Le prêtre Manuel Valls Poblete, de la paroisse de Nuestra Señora de la Asunción, témoigna en faveur de Jacinto, certifiant qu’il venait d’une famille religieuse et de conduite irréprochable. Selon Valls, Jacinto avait toujours fait preuve d’une grande dévotion et d’une moralité irréprochable, renforçant son image de citoyen respecté.
4. Son rôle dans la Société Agricole
Plusieurs membres de la Société Agricole d’Almodóvar del Campo, dont Jacinto avait été nommé Secrétaire en 1932, témoignèrent également en sa faveur. Ils soulignèrent qu’au cours de son mandat, il avait défendu les intérêts des propriétaires agricoles et s’était montré très engagé dans la résolution des problèmes ruraux. Ce témoignage renforça l’idée que Jacinto était plus centré sur les questions économiques et sociales de sa communauté que sur les idéologies politiques.
5. Déclaration de Rafael del Río Sanz et Miguel de la Vega Mohedano
Rafael del Río Sanz, un commerçant de 37 ans, témoigna également, affirmant que Jacinto avait travaillé pour le Comité de Défense uniquement parce qu’il y avait été contraint, et qu’il n’avait pas joué de rôle décisif. Il ajouta que Jacinto transmettait des informations de Radio Nacional aux personnes persécutées par les républicains, ce qui montrait son soutien aux personnes d’ordre.
Miguel de la Vega Mohedano, lieutenant-colonel de l’armée, défendit Jacinto en affirmant qu’il l’avait toujours perçu comme une personne fidèle au Mouvement National. Loin de collaborer activement avec les républicains, il avait été un fervent propagandiste des succès de l’armée nationaliste, ce qui, selon lui, garantissait que Jacinto n’avait pas commis les crimes dont il était accusé.
6. Témoignage de Hortensia Pérez-Serrano
Hortensia Pérez-Serrano, responsable locale de la section féminine de la Falange Española y Traditionalista y de las J.O.N.S., témoigna également en faveur de Jacinto, le décrivant comme une personne de conduite irréprochable, qui avait toujours montré de la sympathie pour le Mouvement National et qui n’avait jamais participé à des activités politiques pendant la domination républicaine.
Le verdict : Acquittement grâce au soutien de la communauté
Grâce à ces témoignages, qui dépeignaient Jacinto comme un homme de caractère noble et engagé pour le bien-être de la communauté, le tribunal militaire décida de l’acquitter des accusations les plus graves. Le 26 août 1939, le Conseil de Guerre Permanent numéro 10 décida, à l’unanimité, de classer l’affaire sans suite. Il fut conclu que Jacinto n’avait pas eu de responsabilité criminelle ni de rôle dirigeant dans les faits qui lui étaient reprochés. Cette décision fut confirmée le 29 septembre 1939.
Le départ pour Almagro : Une possible conséquence de la dénonciation
Malgré son acquittement, le procès laissa des traces sur Jacinto. Entre 1942 et 1943, il décida de s’installer, avec son épouse María Núñez Sánchez, à Almagro. Il est probable que ce déménagement ait été motivé par les répercussions sociales de la dénonciation et par le stigmate auquel il faisait face à Almodóvar del Campo, malgré son acquittement. Ce départ semble avoir été une tentative de repartir à zéro, loin du regard de ses anciens voisins.
Source : Tribunal Militar Territorial 1 | Serie: Sumarisimos | Madrid, 1939 | Referencia: Sumario 5276, Caja 1704, Orden 3
Note : Texte rédigé par ChatGPT sur la base des mes propres recherches généalogiques et du dossier de justice militaire
Quelle histoire le pauvre ! On sait pourquoi il a été dénoncé, à tort apparemment ? Une histoire de jalousie ?
On ne sait pas encore, on découvre cette histoire ! Dans 10 jours on va voir ma belle-mère, la fille de Jacinto, avec l’intention de la cuisiner sur cette affaire… Je vais aussi entreprendre des recherches sur le dénonciateur. Mais en effet la jalousie me semble une piste, en raison de la différence de niveau social…
Effectivement, il a dû être difficile de continuer à vivre avec cette accusation infondée en côtoyant les acteurs de ce procès. On comprend que Jacinto ait voulu repartir de zéro…
Belle utilisation de ChatGPT !
Merci Delphine pour votre aimable commentaire !