6 mars 1932, décès d’Antoine MAILLET

Le 6 mars 1932, âgé de 56 ans, disparaît Antoine MAILLET, mon arrière-grand-père. Il décède à 8h du matin, dans sa maison, située au hameau de La Belouze (prononcer la Blouse) à Davayé. Il laisse derrière lui son épouse, Marie née SEIGNEURET (51 ans), et ses enfants, Jean-Louis (28 ans), Maria (26), Marcelle (24), Pierre (22), Ernest (19), Jeanne (15), Joseph (13) et Yvonne (12 ans).

Antoine MAILLET et Marie SEIGNEURET. Collection personnelle

Toute sa vie, Antoine a été vigneron, surtout métayer à travailler les vignes appartenant à d’autres familles, ainsi qu’une parcelle lui appartenant, la vigne « Au Jean des Moitiers », qui existe toujours !

La vigne “Au Jean des Moitiers” lors de mon passage fin août 2023. Photographie personnelle
Parcelle 0042, Vigne “Au Jean des Moitiers”. Source : geoportail.fr

À la suite de son décès, Marie, sa veuve, fait effectuer un inventaire, pour protéger les biens des enfants mineurs. Maître François SOURIEAU, notaire à Mâcon, arrive donc à la Belouze le 6 mai 1932 pour instrumenter… On y apprend pour commencer que la famille MAILLET est locataire de son logement. Ensuite le notaire rappelle que les époux étaient mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, type de contrat de mariage le plus courant pour l’époque dans cette région. 

Vient ensuite la liste des enfants mineurs, représentés par leur mère : Ernest, Jeanne, Joseph et Yvonne. Puis vient la liste des enfants majeurs, Jean-Louis, manœuvre à Villefranche-sur-Saône, Maria, accompagnée de Francis GÉLIN son époux cultivateur à Davayé, Marcelle, accompagnée de Paul LARDET son époux cultivateur à Pouilly, hameau de Solutré et Pierre, cultivateur demeurant à Davayé, actuellement soldat, qui se fait représenter par Paul COLOMBIER, clerc du notaire. Est aussi présent François MAILLET, garçon de vin à Charnay-lès-Mâcon, frère du défunt et subrogé-tuteur des enfants mineurs. Il est intéressant de noter que tout le monde sait signer, avec de belles signatures : ils ont l’habitude d’écrire !

Signatures au bas de l’inventaire après le décès d’Antoine MAILLET. Source : Minutes de Me SOURIEAU, notaire à Mâcon. Document familial

Une fois tout le monde qualifié et présenté, le notaire passe à la prisée des choses. Tout y passe : lits, linges, batterie de cuisine, vaisselle, tables et chaises, etc. Sans faire tout le détail que vous pourrez retrouver sur le document original, quelques points intéressants. Tout le mobilier domestique est évalué 1968 francs de l’époque. La vache noire et blanche vaut 1500 francs… L’autre vache rouge et blanche aussi 1500 francs. La jument rouge, aussi 1500 francs. Par contre les deux chèvres, 100 francs… Ensuite, le matériel de ferme et les charrettes, tombereaux et autres camions (à cheval) pour quelques centaines de francs l’un dans l’autre. On descend à la cave : 20 hectolitres de vin rouge, 1400 francs ; 8 hectolitres de vin blanc Chardonnay, 3000 francs (nota : ça ne date pas d’aujourd’hui qu’en mâconnais, le vin blanc est bien meilleur que le rouge vu le prix où il est estimé) ; il y a aussi 3 hectolitres de vin Noah pour 105 francs (ça laisse une idée de la piquette que ça devait être)

Extrait de la prisée de l’IAD. Document familial

Tout compris, l’inventaire monte à 11164 francs, dont 4600 francs pour le bétail (les 2 vaches, la jument et les 2 chèvres) et 4505 francs pour le vin… Il y a aussi un peu plus de 450 francs sur deux livrets d’épargne, et une assurance couvrant le tout à hauteur de 10000 francs. 

Quelques dettes courantes aussi : les frais d’obsèques (185 francs), les faire-part (587 francs), la fourniture de pain (650 francs) et la location d’une terre (150 francs).

Les dettes à l’inventaire. Document familial

Voilà, au 6 mai 1932, un résumé « économique » de la vie de la famille MAILLET. En 1939, selon son propre témoignage, Joseph MAILLET, mon grand-père, n’avait à lui que son vélo lorsqu’il est parti au service militaire. Lorsqu’il rentra à Davayé, fin 1945, plus de vélo, il avait été vendu pour nourrir le reste de la famille pendant qu’il était en captivité en Poméranie… Mais ça, c’est une autre histoire !

Author: Cyrille

2 thoughts on “6 mars 1932, décès d’Antoine MAILLET

  1. Merci Cyrille !
    À partir de portraits photographiques, d’inventaires et de documents administratifs, tout prend vit: nous nous retrouvons en train de partager la vie quotidienne de tes aïeux. À la fois passionnant et émouvant !

  2. Bonjour Cyrille.
    On ne se connait pas, mais on est cousins. Je suis le fils de Pierre qui nous a quitté tragiquement en 1970. J’ai bien connu ton grad-père Joseph et j’ai même passé un peu de temps avec lui à Verzé lorsqu’il était platrier peintre. j’ai fait quelques chantiers avec lui pendant les vacances lorsque j’avais 17 ou 18 ans. Bien sûr j’ai connu Bernard ton père, beaucoup plus jeuneque moi Eh oui j’en ai 81 aujourd’hui. Avec Joseph, je me souviens qu’on n’arrêtais pas de chanter sur les chantiers.
    Merci de ces témoignages émouvants sur un grand-père que nous n’avons pas connu.
    A bientôt si tu le souhaites.
    Michel MAILLET

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